Pourtant, je n'avais pas réitéré. J'avais oublié de poursuivre. Je m'étais
arrêté jusqu'au Testament amoureux (trouvé au puces de
Gruffes il y a trois ou quatre ans, et ça me fait penser à un
livre que j'avais offert, à ce moment-là, à Ferdinand, livre sur le
Sud, Estérel et Maures, région où habite Rezvani depuis plus
de vingt ans, livre-documentaire très illustré dont le texte
avait été confié à Rezvani). Je ne reviens pas sur le Testament...
Toujours est-il que me revoilà vingt ans en arrière avec Lula.
Réticences, ai-je dit. Je les ai gardées un moment (souvenirs
se dépassionnant [???] qui m'ont laissé entrevoir un ton
qu'à présent je juge un peu sautillant, voire même adolescent),
puis, tout comme avec Miller, je me suis laissé emporter, et
suis entré tout à fait, et ai retrouvé (et trouvé) un certain
bonheur de lecture, même si régulièrement je suis agacé...
(Il y a certainement un manque de retenue, de rigueur, trop de
laisser-aller voilà des mots qui sonnent drôles à
mes oreilles, et à la plume ; un rien réactionnaire,
n'est-ce pas ? mais ça ne regarde que moi, en ce sens qu'il
est évident que c'est ainsi, tel qu'il est, que le livre doit
exister, même si souvent il est énervant.) Je pense que c'est un type qui
te plairait bien... Ça roule, ça pète, ça dérape, ça
grince, ça bouillonne (je m'aperçois une fois de plus que je
parle beaucoup de lui ; curieux si l'on considère que ce
n'est pas vraiment un écrivain qui m'est proche, ce à tous les
niveaux)...
2 novembre 1990 (lettre à Marcel)