J'ajouterai : il est trop fidèle au journal d'origine ; je sais, par expérience, que la fidélité, notamment dans un journal de ce type, nuit à la lecture ; le texte publié doit être fait en fonction de la lisibilité, en fonction d'un lecteur : il doit être travaillé en ce sens (j'ai moi-même souvent du mal à relire les premiers bulletins du fait de la profusion des notes de lecture qui s'y trouvent – la fidélité scrupuleuse était souvent un jeu, un clin d'œil, mais à ce jeu, je me prends très vite moi-même et la vanité finit par l'emporter) ; et le lecteur, même celui que je suis, c'est-à-dire quelqu'un qui, à son image, applique la règle des notes de lecture, se sent éloigné, écarté : j'entre dans un univers clos, véritablement intime (davantage qu'une confession, qu'une livraison, il me semble). Ce n'est pas un livre pour un lecteur, mais pour un auteur : lui. Au bout du compte, ce type de livre, même s'il reste intéressant en soi, malgré tout, est un miroir. (Je retiens néanmoins le « comme », récurrent en tant qu'obsession de l'auteur : la question qu'il se pose sur le « comme » – qui me renvoie bien sûr à celui de Breton et à la mauvaise interprétation que j'en avais faite à une époque.)

9 juillet 1999