Ce n’est qu’à cette heure-ci que j’ouvre mon cahier ; un boulot spécial me prend mon temps et ça doit être achevé ce soir, huit cents dossiers à sortir. Je suis arrivé avec une demi-heure de retard. Aussitôt le café bu, je m’y suis mis jusqu’à la pause. Puis, comme il fait de nouveau beau, je suis retourné au parc du musée en compagnie de Pasolini. Il y a deux jours, ils étaient trois cents ; aujourd’hui, mille, mille à courir et à brailler à travers les pelouses encouragés par leurs accompagnateurs et trices qui, évidemment, ignorent tout des jeux silencieux et pratiqués dans l’immobilité. Pour comble, mon banc, celui d’il y a deux jours, était maculé de chiures d’oiseaux. J’ai réussi à me loger à l’extrémité, sans pouvoir m’adosser, et y lire une demi-heure sans beaucoup de succès. Le parc du Clairon doit bien faire dix hectares, celui du musée un à peine. Pourquoi viennent-ils donc tous là, précisément, à cet endroit inadapté ? J’ai renoncé à aller prendre un café au café du musée ; j’y aurais sans doute eu droit à la radio ou, pire, à la conversation de cultureux. Une heure plus tard, j’étais de retour…
18 juillet
2003