Il y a quelques jours, Samy me prêtait une cassette contenant Terre sans pain, documentaire rare de Buñuel. Je comptais le copier. Mais, par je ne sais quel mystère technologique, la bande calée s'est enclenchée et tout a été effacé enregistrant à la place, ironie, une émission avec Lagaffe sur Paris-Première. Le lendemain, en plus de mes excuses, je lui ai offert deux livres sur le cinéma : Faire des films de Renoir et le numéro 73 de la revue Positif datant de février 1966 et trouvé – les livres ont aussi leurs mystères – chez Kili. En vérité, je l'avais acheté pour moi, mais comme je ne savais pas s'il apprécierait le Renoir et j’avais découvert dans Positif des articles consacrés à Lang et au cinéma japonais, sujets qui l'intéressent, je le lui avais de même offert. Par chance, il y en avait un second exemplaire. Je suis allé l’acheter. Ce qui m'avait immédiatement attiré, outre le caractère d'ancienneté et donc bibliophilique de l'objet, c'était la photo en couverture : Othon Bastos dans Le dieu noir et le diable blond de Rocha, c’est-à-dire la figure d'un cangaceiro, cangaceiros mythiques qui longtemps m'avaient hanté après que j’avais vu le film, mais surtout d'Antonio das Mortes du même Rocha (avec la complainte de Limpiao, sur fond de cortège funèbre, qui encore aujourd'hui me revient parfois aux oreilles et aux yeux sans que je ne l'appelle, sans que rien de particulier ne la déclenche). Un long article de Benayoun leur est en partie consacré...

 

7 mars 2000