Je ne sais rien de cette revue que je ne connais que de nom. Quelle tendance ? quelle politique ? C'était distribué (existe-telle encore ?) par Le Terrain Vague. Losfeld donc, qui est tout de même un garant de qualité, qualité que je trouve dans les articles, le choix des sujets et dans le style, notamment Benayoun. Benayoun déteste Godard, dont il dit : « Godard, qu'il veuille faire du chic ou du joli avec de l'incompris ou du refoulé, incarne un tripotage particulièrement lamentable des formes expressives, une déchéance du goût, de l'analyse et de la conscience qui pouvait faire croire à une crise de l'entendement, si elle affectait autre chose qu'une coterie gesticulante et démultipliée, celle qu'on catalogue dans le “ Tout-Paris ” parce qu'elle s'étourdit de son propre bruit, et que l'on peut doter, comme dit Ducasse, d'une notable quantité d'importance nulle. » De même Bernard Cohn qui lui flanque un zéro pour son sketch dans Paris vu par... D'où mon interrogation face à cette revue intelligente et pertinente qui n'admet pas dans ses rangs un « pur produit » d'un nouveau cinéma, que je trouve, et malgré tout continue à trouver (le produit) intelligent et pertinent. Mais en même temps, il y a une certaine justesse dans ces propos (notamment Benayoun), propos qui sont les miens au sujet du Godard de ces dernières années. Lui les applique au Godard, tout frais, tout jeune (et d'une certaine manière déjà accompli – fait-il toujours le même film ?), en 1966. Du coup, j'y pense et y réfléchis et hier soir, en regardant la dernière demi-heure du Mépris (que j'avais adoré et qui aujourd'hui me laisse dubitatif, et ce ne sont pas les termes de l'article qui m'ont influencé), y ai davantage pensé. Finalement, n'y aurait-il pas quelque truc chez lui, à l'image de Bobin, ou de Duras ? (Bobin, Duras, Godard, pour un intellectualisme toc et rabâché ?) Encore qu'il restera toujours à sa décharge, ce que Benayoun résume en une formule, à son encontre mais qui est sans doute tout le fondement de sa démarche : « Le cinéma de Godard, c'est le cinéma de quelqu'un qui cherche sans trouver. » Qu'il met en parallèle avec le mot de Picasso : « Je ne cherche pas, je trouve. » À noter, un bel article sur Lester, et notamment sur Help !, que j’agrée...

8 mars 2000