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Avec Ève est né le langage. Ce
langage est encore pour l'instant, unique et identique pour tous les peuples.
Mais voila, à Babel, au Royaume
du géant Nemrod, on construit une Tour pour tenter d'atteindre le Ciel. Et
celle-ci devient bientôt si haute qu'il semble urgent à Dieu d'intervenir. Et
puisque toutes ces Nations qui s'entendent si bien parviennent à participer
ensemble à ce si colossal ouvrage, ce sera « diviser pour mieux régner ». Dieu
met en œuvre la confusion des langages, plus personne ne comprend ce que l'autre
dit, la communication s'éteint, et bien sûr, tout s'arrête.
Le Roi Nemrod n'a pas pour seule
particularité celle d'être un géant, il est aussi le proche descendant d'un
rescapé célèbre de la première fin du monde des hommes. C'est de descendant de
Cham, l'un des trois fils de Noé.
Noé, à qui M. Ange donnera bien
de l'importance, puisque c'est de lui qu'il s'agira dès l'entrée dans la
chapelle. Et sur les 9 emplacements disponibles pour illustrer tout l'Ancien
Testament, les 3 premiers, soit le tiers de toute la voûte, seront exclusivement
consacrés à la vie de Noé.
Et donc à la manière dont
s'exprime invariablement la malédiction divine.
Dans l'ordre, nous aurons, L'Ivresse de Noé, l'épisode du Déluge, et enfin Le Sacrifice de Noé. C'est un ordre qui, bien sûr, n'est pas chronologique dans l'histoire de cet homme.
L'Ivresse de Noé se produit
après le Déluge, lorsque pour lui, Noé, sa femme et leurs trois enfants, la vie
reprend.
Noé avait emporté dans ses
soutes, une vigne. Qu'il plante, qu'il soigne, qu'il récolte. Il fait du vin, le
goûte, le re-goûte. Et sans doute un peu trop puisqu'il se retrouve bientôt
tellement ivre qu'il se défait de ses vêtements en présence de ses trois enfants
et de se met à danser, tout nu. Les deux premiers se précipitent pour lui
remonter la toge, tandis que Cham, le troisième, lance au contraire quelques
propos circonstanciels avant de se mettre à rire. Mal lui en prit. Dieu qui ne
rit jamais, Dieu qui une nouvelle fois, observait attentivement la scène, entre
en fureur.
Il maudira à jamais la
descendance de Cham, dont une partie sera exilée en Erythrée, près de l'actuelle
Ethiopie. Et ils formeront la Tribu des Chamites, que Dieu fera maintenant
naître « noirs » avant d'ajouter à leur destin qu'ils devront aussi « servir »
les membres des autres tribus, celles de ses frères.
Ainsi, la clémence divine fut de
courte durée.
C'est ce que nous rappelle le
tableau suivant. Le Déluge dont Noé et les passagers de son Arche sortiront les
uniques rescapés. Tous les autres, sans exception, périront, emportés par les
eaux célestes déferlant sur la terre. De même chez les animaux, seul un couple
de chaque espèce survivra.
Là, on peut tout de même s'étonner que les serpents aient trouvé refuge sur son Arche, ces serpents, déjà pourtant sous le coup d'une originelle malédiction, lors de la faute d'Adam et Eve. Mais à bien y regarder, leur fortune n'est pas si mauvaise, à ces serpents, car on ne les chasse pas puisqu'on ne les mange pas, l'homme ne peut pas les faire travailler à sa place, et enfin, car ce n'est pas le cas pour bien d'autres animaux, on n'en fait jamais l'holocauste !
Car à l'époque, les sacrifices
vont bon train.
Dans le tableau du Sacrifice, où
Noé – à peine aura-t-il rejoint ce sol encore humide sur lequel il pose le
premier pas – va s'empresser, en remerciement pour la belle croisière, d'égorger
quelques uns des exemplaires uniques qu'il avait à son bord.
Et de donner ainsi le ton sur
lequel allait démarrer la nouvelle aventure.
Et puis chacun des fils de Noé
ira de son côté pour aller engendrer sa tribu, dont la langue sera commune
jusqu'à l'affaire de la Tour de Babel, jusqu'à ce que le pouvoir divin la rende,
à tous, confuse.
Pour régner en maître.
Voila qui nous renvoie tout
naturellement au tombeau de
Jules II.