Nous nous étions arrêtés au tableau du Péché Originel. Là où est née aussi la  dorénavant éternelle inquiétude des dieux, de savoir le langage maintenant, susceptible de leur échapper. Car faute de savoir l'inventer, faute de risquer l'enrichir, de peur d'être incompris, ce sont eux qui devront accorder leur langage au langage des mortels. Alors, il leur reste la solution de se l'approprier.

Ainsi ne sera désormais acceptable qu'un seul code d'amour et il sera réservé à Dieu et pour qu'on le sache bien, Dieu créera Moïse, Dieu créera la Loi.

 

M. Ange travaille encore sur la voûte de la Sixtine, lorsque vers 1510, Jules II lui rappelle qu'il s'était engagé aussi à réaliser son tombeau. La double tâche devient ainsi colossale, mais M. Ange doit  accepter le « Tout », car lui est venue une idée et une telle occasion de la réaliser ne se reproduira pas jamais, il le sait bien.

 

 

 

 

Car, il n'est pas question pour M. Ange de représenter cet incontournable Moïse, qu'on va bien sûr lui réclamer, au plafond de SA Sixtine.

Il n'en veut pas.

La Loi n'a à voir qu'avec la mort, celle qu'on applique sans cesse en son nom. Alors cette Loi, il la mettra dehors.

 

C'est là, dehors, qu'il décidera de placer son Moïse, sur le tombeau de Jules II.

Il rappellera ainsi à ce pape puissant, exerçant son pouvoir dans un népotisme  guerrier, autoritaire et ambitieux, que lui, M. Ange, « lui qui n'a pas perdu son langage, ne servira pas les Idoles » !