Cette évolution dans la
peinture n'a pas été sans influencer les représentations religieuses.
Surtout sur deux points particulière-ment : celles de la passion du Christ
(ce qui va changer, c'est l'image de son corps), mais ce qui va se trouver
littéralement bouleversé, et là irréversiblement, c'est la représentation
des Annonciations.
L'Annonciation, c'est donc
ce moment où l'Ange Gabriel descend sur terre et vient surprendre Marie chez
elle, dans sa maison, pour lui annoncer qu'elle est l'heureuse élue d'une
prochaine divine aventure.
On avait l'habitude de voir
dans ces Annonciations, côté jardin, l'Ange, dont on matérialisait le
contenu du message souvent au moyen d'un phylactère, et d'autre part, côté
cour, la Vierge Marie, occupée soit à des travaux domestiques, soit encore à
filer la quenouille.
Désormais tout change
radicalement, plus jamais l'Annonciation ne sera représentée de cette
manière-là. Cette fois la Vierge est représentée lisant, et sur le livre
qu'elle tient posé sur ses genoux figure déjà sa réponse à l'Ange. Cet Ange,
c'est donc une autre femme qu'il viendra surprendre, une femme non plus
occupée dans un travail, mais c'est une femme en pleine méditation, une
femme qui est en attente de la question pour laquelle elle a déjà préparé sa
réponse. En fait, à la demande qu'on lui fera, elle est déjà consentante. Il
en découle que l'Ange se fait aussi plus audacieux, et cette fois en guise
de message, il lui tendra un rameau de lys, il lui tendra sa verge fleurie.
À cela, il faut ajouter un
élément du mobilier supplémentaire qui se greffera systématiquement à la
scène de la rencontre: au fond de l'habitation, le lit, ou bien la chambre à
coucher dont la porte est ouverte.