Ce sujet de la peinture est
apparu en Italie en même temps qu'est apparu cet intérêt nouveau pour
l'Antiquité, et donc la Grèce antique et sa mythologie. Et puisque cette
mythologie grecque avait l'avantage de relater les tumultueuses aventures de ses
dieux, voilà une opportunité dont ne se sont pas privés les peintres pour
développer un sujet qu'ils voyaient déjà comme étant le naturel prolongement des
représentations de l'amour courtois. Par ces divins ébats, la peinture va
trouver ainsi l'occasion d'inscrire, dans son mode de représentation, des
évocations particulières nouvelles, mais tout en les maintenant formellement
absentes du tableau.
Le désir, par exemple. Mais
puisque la représentation du désir chez l'homme est trop naturellement visible,
elle reste formellement inacceptable, sinon chez les faunes.
On passera ainsi par la
représentation d'un désir plus discret, plus secret, qui sera celui de la femme.
Le Nu Endormi Italien sera la
représentation tranquille, d'une femme allongée, sommeillant, et qui cependant
rêve qu'elle fait l'amour.
Désormais, la Renaissance verra
les Vénus endormies s'installer dans les salons des grandes familles italiennes,
comme les Médicis, ces grands fournisseurs de papes. Ces Vénus dont parfois la
main négligemment, désigne l'endroit où les choses se passent.
Et tout cela va entraîner aussi, dans les Palais, un style de décoration privée à l'avenant, dont les seules salles de bains papales qu'on peut regarder comme un subtil hommage à leur biblique ascendant, à ces papes, le Roi Salomon, qui, rappelons-le, outre son goût infini pour la richesse et les belles choses de l'art, avait pris, à ce qu'en disent les textes canoniques officiels, quelque 700 femmes, toutes étrangères à son royaume, et auxquelles il faut bien sûr ajouter les 300 concubines. Un peu comme ces fameux « mille tre » de Dom Juan.