Mola, je viens d’arriver. « J’aurais dû prendre Theroux », ai-je dit en allumant ma  cigarette. Alors, je survole les dos de la bibliothèque, arrive à la section Proust, en prélève Le temps retrouvé, l’ouvre au hasard, commence à lire, tombe sur une première phrase biscornue p. 240, puis sur une seconde à la page suivante. La première : « Il raconta sur M. de Charlus et sur M. d’Argencourt avec lequel il s’était brouillé aussi des histoires ne le touchant pas à vrai dire directement mais que ceux-ci avec la double expansion des amants et des invertis, lui avaient racontées, ce qui fit arrêter à la fois M. de Charlus et M. d’Argencourt. » La seconde : « J’avais souvent pensé depuis, en me rappelant cette croix de guerre égarée chez Jupien, que si Saint-Loup avait survécu il eût pu facilement se faire élire député dans les élections qui suivirent la guerre, l’écume de niaiserie et le rayonnement de la gloire qu’elle laissa après elle, et où si un doigt de moins, abolissant des siècles de préjugés, permettait d’entrer par un brillant mariage dans une famille aristocratique, la croix de guerre, eût-elle été gagnée dans les bureaux, suffisait pour entrer dans une élection triomphale, à la Chambre des Députés, presque à l’Académie française. » C’est la version GF

 

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