Elle sait tout cela, elle le dit ; le dit simplement ; mais peut-être trop
simplement, car j'avoue que c'est un peu ennuyeux. J'en suis au quart et je
m'aperçois que ça me lasse : du fait du ton, du fait des détails quotidiens,
domestiques, habitudes de Proust par le menu, foule de détails qui, en
définitive, ne m'intéressent guère. Et je me rends compte que ce
« Monsieur Proust » tel qu'elle l'appelle constamment ne m'intéresse pas et que
ce n'est pas lui qui est le centre de ce livre, mais bien elle. Ce n'est pas le
livre de Proust, ou un livre au sujet de Proust, mais le livre de Céleste Albaret. C'est elle le sujet, le centre, le
personnage principal. C'est elle, un peu à la manière, quoique
dans un autre registre, de Stevens dans Remains of the day,
qui focalise l'attention, l'intérêt. Ce qui m'intéresse, et me
semble intéressant, ce n'est pas la manière dont Proust
maniaque et soupe-au-lait prend son essence de café, mais la
manière dont elle le lui prépare, le lui sert, la manière dont
elle en parle... (Qu'aurait-il pensé de ce livre, lui qui était
Contre Ste Beuve ?)
24 août 1999