Je me suis alors rapproché de la préface, une fois n’est pas coutume, car ça ne pouvait se passer d’explication. Liz Werner y brosse un portrait de Parra et termine par son propre travail : elle l’a rencontrée, Parra connaît bien l’anglais (il a traduit Shakespeare) et ils ont fait cette traduction ensemble… Parra n’est pas anglais, Liz Werner n’est pas espagnole, et le problème de la traduction restera toujours posée : toute véritable traduction est impossible et comme le dit justement Parra : « le mieux est de le lire en espagnol ». C’est ce que je fais et, en définitive, je me fiche bien de la traduction, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Mais il se trouve que je me suis mis en tête de les traduire en français (j’ai vu sur le réseau que les anti-poèmes n’ont pas été traduits en français ; ce n’est pas ce qui m’en a donné l’idée, mais ça peut être un stimulant – et un bon exercice d’apprentissage) et, à la lumière de ce parti-pris de s’éloigner parfois délibérément de l’original (« Il faut trouver des équivalents culturels », dit Parra), je me pose de nouveau la question : comment traduire ? Je me dis que le français est beaucoup plus proche de l’espagnol que ne le sera jamais l’anglais, mais la littéralité est-elle le bon choix ? Tout en lisant en espagnol, je m’y essaie, traduis mentalement en français et ça marche, ou pour le moins, ça peut marcher. Mais est-ce juste ? Je vais essayer…

 

18 février 2014