Il me fallait de l'histoire, du récit ; et du
fin. Ça a été Demain sera un autre jour, recueil de nouvelles. J'en ai
lues deux, aborde la troisième en pensant à l'inintérêt qu'elles m'inspirent,
mais, dans le même temps, en me disant – et en ayant à l'esprit Fernandez et ce
que j'en avais dit – que s'affirme ici pleinement la
dénaturation que provoque et impose la traduction (et de surcroît, le traducteur
– lequel, dans l'altération prévaut contre l'autre ?). Sans que je connaisse
l'espagnol, je peux dire ou pour le moins deviner que la traduction exerce ici
son plein pouvoir de défiguration. Le degré est variable, selon les langues, les
auteurs, et les traducteurs (celui-ci, en l'occurrence, ne me semble pas
extraordinaire, loin s'en faut), mais ici il semble atteindre un point
particulièrement élevé dans l'occultation, pas tant du point de vue de
l'écriture (encore qu'elle soit passablement ordinaire et convenue, voire
maladroite et Onetti prend ici des allures de débutant) que du ton, du climat,
d'une dimension propres à la culture et à la langue d'origine que je ne peux
malheureusement que ressentir, tant à cause de ma méconnaissance de la langue et
de ce qui s'y attache que du traducteur qui est incapable de restituer un tant
soit peu la vie souterraine de ladite langue… Mais peut-être qu'Onetti est
inintéressant aussi dans sa langue (qu'ai-je lu de lui, au fait ? son nom m'est
familier; d'où me vient cette familiarité ?).