« Tous sont des cultes prophétiques et millénaristes. Ils proclament l'imminence d'une ère fabuleuse d'abondance et de béatitude. Les indigènes redeviendront les maîtres dans leurs îles et ils ne travailleront plus, car les morts leur apporteront des quantités fantastiques de provisions. C'est pourquoi la plupart de ces mouvements exigent, d'une part, la destruction des biens, à commencer par les objets achetés aux Blancs, et, d'autre part, la construction de vastes magasins où seront déposées les provisions rapportées par les morts. »

 

« Il est facile de reconnaître dans ce scénario de la grande fête agraire du Nouvel An les éléments les plus caractéristiques des “ cargo cults ” : l'attente des morts, l'énorme holocauste des animaux domestiques et les offrandes aux esprits, les réjouissances orgiastiques, le refus de travailler. Les Européens furent surtout frappés par les destructions massives des biens et l'inaction absolue [bien sûr !]. Pour nous en tenir à un exemple, voici comment un Acting Resident Magistrate décrit sa visite dans une des régions de Papoua infestée par ce qu'on appelle la “ folie ” : “ Ils étaient assis, immobiles, et pas un mot ne fut prononcé pendant les quelques minutes que je suis resté là, à les regarder. Il suffisait de les voir se comporter d'une manière tellement idiote, pour mettre n'importe qui en colère : tout un groupe d'indigènes forts et bien bâtis, portant des vêtements neufs et propres, assis en silence, comme des pierres ou des troncs d'arbres, en plein après-midi, au lieu de travailler ou de vaquer à quelque occupation, comme des êtres raisonnables. On eût dit de sujets mûrs pour un asile d'aliénés. ” »

On appréciera à sa juste mesure le « comme des êtres raisonnables »...