(Prokofiev,
Strawinsky, Bartok, Satie, Puccini, malheureusement, et tous
les romantiques, comme des entrepôts de provisions destinés à
la disette perpétuelle des illustrateurs sonores mais,
heureusement, pas Cage, Scelsi, Varèse, Crumb, Beefheart ... )
Il
ny a pas de musique gaie ou triste ; ce motif
nest
ni gai ni triste. Cest un motif. Gaieté ou tristesse ne
peuvent être que celles de lexécutant et, de là, de
lauditeur. Ainsi, Laporte voit de la douleur, de la
souffrance dans Mozart. Cest la douleur et la souffrance de
linstrumentiste quil ressent, non celles de Mozart
qui na que figure de notes.
Que
se passe-t-il dans le cerveau dune population (de la
population) qui invariablement succombe, sen remet à la
glu du leurre, soit celui de la reproduction, de la copie, du
fard et du gominé ?
La
différence entre Satie et Bartok : Satie compose des
pièces à quatre mains, Bartok pour deux pianos. Satie a le
souci du rapprochement et du plaisir, Bartok celui de la distance
et du marquage des clans.
Le
mélomane vient voir linstrumentiste, et non
lécouter. Le mélomane nécoute pas, il regarde. La
mélomanie nest rien dautre quun regard posé
sur la musique, ou plutôt le regard imposé à une musique. Le
mélomane est un contrôleur, un vérificateur. La mélomanie,
cest le fisc du son.
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