Cher Innocent,

Que deviendront ses écrits, me demandes-tu ? Je me pose justement la question : que faire de son roman dans la mesure où je ne sais s’il s’agit de l’original ? Il est dédié à sa sœur, à ses parents, et je me suis demandé si je n’allais pas les contacter pour leur en parler, leur proposer de le leur renvoyer. J’ai très vite compris que c’était stupide et sans doute déplacé. Dans le doute, je décide de le conserver ; je pense qu’il ne peut être mieux qu’ici... Nicolas avait quelques problèmes de comportement, a connu une période dépressive. Je n’avais pas eu de contact avec lui pendant plus de dix ans. Un jour, il y a quelques mois, il m’a appelé pour me donner de ses nouvelles, pour parler littérature, pour me dire qu’il écrivait et qu’il se fichait de son travail et songeait à consacrer sa vie à l’écriture, et incidemment (mais c’était sans nul doute l’objet premier de son appel) pour me demander des tuyaux en matière de publication de nouvelles. Il m’avait ensuite appelé plusieurs fois, toujours pour les mêmes raisons. Un jour, il m’a parlé de son roman et me l’a proposé en lecture. Je l’ai reçu, je l’ai lu, et c’était assez mal fichu. Je me demandais vraiment comment j’allais m’en sortir pour lui en parler. Il m’a appelé quelques jours plus tard. Ma première question a été : « Considères-tu qu’il s’agit du texte définitif ? » « Pas du tout », m’a-t-il répondu. Cela m’a rassuré, soulagé et j’ai pu lui en parler librement. J’ai mentionné les fautes de syntaxe, de grammaire, l’abus des points d’exclamation, le manque de cohésion de l’ensemble... Je lui ai proposé qu’il passe à la maison pour que nous en parlions en détail.