« Poems and stories that will redeem us (or in which we will find redemption of a kind) are being written, or will be written, or have been written and are awaiting their readers and, throughout time, again and again, assume this: that the human mind is always wiser than its most atrocious deeds, since it can give them a name; that in the very description of our most loathsome acts something in good writing shows them as loathsome and therefore not unconquerable; that in spite of the feebleness and randomness of language, an inspired writer can tell the unspeakable and lend a shape to the unthinkable, so that evil loses some of its numinous quality and stands reduced to a few memorable words. »

 

« Des poèmes et des histoires qui nous rachèteront (ou en lesquels nous trouverons une rédemption de quelque sorte) sont écrits, ou seront écrits, ou ont été écrits, et attendent leurs lecteurs, et, à travers le temps, encore et encore, affirment que l’esprit humain est toujours plus sage que ses faits les plus atroces, puisqu’il peut leur donner un nom ; que dans la description la plus précise de nos actes les plus exécrables, quelque chose dans la bonne écriture les montre aussi exécrables qu’elles le sont et par conséquent non insurmontables ; que, en dépit de la faiblesse et du caractère aléatoire du langage, un écrivain inspiré peut dire l’innommable et donner une forme à l’impensable de sorte que le mal perde un peu de sa qualité spirituelle et se voie réduit à quelques mots mémorables. »

 

Ceci rejoint la discussion que nous avons eu au château d'Herman au sujet du rapport entre fiction et « réalité », c'est-à-dire : comment se fait-il (c’était l’interrogation de Zibeline) que le rapport romancé, voire mis en fiction, d’une atrocité sera toujours plus fort que l’image de cette atrocité ? Pourquoi une exécution mise en scène pour le cinéma sera-t-elle toujours plus forte que le simple filmage d’une exécution réelle ?...