
Regard sur l'image qui, instantanément, m'a fait
penser au vieux projet que je traîne depuis des années sans parvenir à m'y
mettre : le Journal pictural. Mais en vérité, son souci
premier n'est pas, tel que je l'envisageais pour mon projet, l'écrit sur
l'image, sur une image en particulier, c’est-à-dire : je suis confronté à une
image et écris à propos de cette image ; ce qu'elle me suggère, ce qu'elle «
m'inspire ». Ce n'est pas tant ce qu'elle suscite en lui qui l'intéresse que ce
qu'elle représente au sein du monde ; cela signifie qu'il s'agit essentiellement
de l'histoire de cette image, cette histoire étant aussi celle de son auteur. En
ce sens, je suis un peu déçu, mais aussi soulagé, car il n'empiète pas sur mon
propos qui était (serait) de faire abstraction non de la subjectivité, mais de
l'histoire. C’est-à-dire : si je connais cette image, je fais abstraction de ce
que je sais d'elle ; si je la vois pour la première fois, je ne me soucie pas de
son histoire... Avec Joni Mitchell (Joni
?), j'ai regretté cette part historique qui inclue le surréalisme, les
tendances picturales du siècle (mais c'est sans doute parce que ce sont des
choses que je connais). Pour le reste, et jusqu'au point où j'en suis arrivé,
j'adhère complètement et trouve cela assez passionnant (peut-être un excès
d'érudition ?). Voir l'extraordinaire histoire des Gonvalcus (?) atteints d'une
maladie très particulière qui provoque la pilosité sur le corps entier (mal
formulé, à revoir) : l'homme à l'image de l'animal. Le plus étonnant, à mes
yeux, c'est l'épouse, « normale », et belle, de surcroît, qui a accepté ce
mariage incroyable dont les fruits seront des enfants tous atteints de la même
maladie…
20 mars
2001