C'est étonnant, et décevant. Étonnant par le propos et son caractère « osé » pour l'époque de sa rédaction (1898), décevant par le traitement et l'écriture. Mirbeau écrit en exergue : « Aux Prêtres, aux Soldats, aux Juges, aux Hommes, qui éduquent, dirigent, gouvernent les hommes je dédie ces pages de Meurtre et de Sang. » Tout un programme. Prometteur, et en effet, d'une certaine manière, et après plusieurs dizaines de pages longues, bavardes et lourdes – et j'ai failli lâcher à ce stade –, il tient ses promesses : apologie du meurtre et du sang, la jouissance par la souffrance – donnée, principalement, sans qu’elle verse dans le sadisme pur –, la science de la souffrance, la jouissance sexuelle par la mort infligée, amour et mort pour une égale jouissance... Mais où veut-il en venir exactement ? de quel côté est-il ? pas de celui de Sade, ou de Mandiargues, par exemple. Est-ce une célébration ou une dénonciation ? Le narrateur, pourri insigne, va être confronté, à l'aide d'une Anglaise exaltée (Clara...), au raffinement des supplices chinois. En observateur ; un observateur pris entre l'appel et la répulsion, qui finalement va se montrer épouvanté. L'horreur est la plus forte et son intellect va refuser la loi de l'ivresse, du débordement total, de l'exaltation tirée de la souffrance appliquée à autrui ; encore que, du fait de la fin en queue de poisson – qui semble être davantage le fait d'une lassitude ou d'un épuisement que celui d'une volonté –, je ne sache plus très bien où il se situe. Il n'empêche. Je me demande comment ce livre a été publié à son époque, comment il a été perçu, quel impact il a eu, et je suis étonné qu'il figure, même en 1949, dans une collection qui regroupe des classiques, Proust, Balzac, Loti