Pourtant, j'écris. Hier, je me
demandais si j'étais capable d'un développement, d'une analyse, d'une réelle
réflexion sur une idée, un thème, un sujet quelconque. J'ai été rassuré en me
souvenant de choses (mais lointaines) sur lesquelles j'avais passé un
temps considérable et dont le résultat m'avait satisfait. Mais j'ai aussi pensé
à la somme colossale de cigarettes que ces travaux avaient exigées, et, dans
l'état actuel des choses, c'est-à-dire cette obsession du tabac qui m'accompagne depuis
des mois avec son apogée en ce moment (et je viens de l'allumer,
ça y est, première, avec cinq minutes d'avance, première dont
le grésillement de la combustion
à la première bouffée que j'en ai tirée m'a particulièrement
frappé : nette, claire, étonnamment précise dans sa
définition), je me dis que cela me ferait peur, cela me
rebuterait, me ferait certainement hésiter, puis reculer, puis
renoncer, et quand bien même j'entamerais un tel travail
et je pense aux heures, parfois, passées autour
d'une seule phrase, ou d'un seul mot, et par conséquent à
toutes ces cigarettes à la chaîne (le chain-smoking
anglais que j'aime beaucoup pour sa concision et sa précision),
il y aurait en constante la pensée des bouffées, et des maux
qu'elles infligent à mon corps et je ne parle pas
des « éventuelles » conséquences ultérieures, mais
des maux réels, effectifs, ressentis au moment ,
pensée dont la puissance serait assez forte pour perturber, puis
enrayer la pensée et la réflexion liées au travail. Alors...