Je suis allé me coucher avec Tre cavalli. Ce n’était pas une bonne idée : il était très tard et je n’avais pas les idées très claires. En effet, j’en ai lu les premières pages dans le brouillard le plus complet, au point que je me suis demandé si effectivement je savais lire l’italien. Ça m’a inquiété. Aussitôt mon petit déjeuner avalé, je suis monté m’installer dans mon bureau pour le poursuivre. J’ai pu lui porter un peu plus d’attention et me voilà rassuré, encore qu’il y ait pas mal de vocabulaire qui m’échappe, et le style concis, haché n’est pas aisé à suivre (du Camon ramassé, pour le moins celui de Un altare per la madre). Par curiosité, j’ai lu ensuite quelques passages de sa traduction dans le Folio de Sosthène : le décalage est saisissant, énorme. C’est la première fois que je fais ce type de comparaison à chaud, du moins pour l’italien, et, en laissant de côté la qualité de la traduction, je suis stupéfait face à l’abîme qui sépare l’original du français, qui pourtant, dans son essence et structure, est une langue proche. Je me suis rendu compte en outre que certains fragments m’avaient échappé dans l’original du fait du vocabulaire. Qu'importe puisque j'ai le bain de la langue qui sera toujours préférable à la clarté d'une langue infidèle.
30 décembre 2005