C’est dans le même état d’esprit que j’ai achevé Tre cavalli. C’est dire que je n’ai fait que le survoler et qu’il va falloir que je le relise. En guise de clin d’œil, j’avais pensé envoyer la phrase finale à Sosthène avec ma propre traduction, elle-même accompagnée de celle de Danièle Valin chez Gallimard que j’avais ensuite consultée. Il se trouve que je ne la comprends pas et je me suis rabattu sur celle du texte, sensiblement semblable à la « mienne » et tout aussi incompréhensible. Par curiosité, j’ai opéré de la même façon pour le paragraphe final et de la même manière je me retrouve devant la même incompréhension. « Metto li libro nella tasca dientro della giaca, me l'appunto sul petto dall'interno. » Qu'elle traduit : « Je mets le livre dans la poche intérieure de ma veste, je l'appuie contre ma poitrine. »
Je manque de dictionnaires conséquents et suis bien obligé de faire confiance à la traductrice, mais cet « appuntare » traduit par « appuyer » me laisse très sceptique. Je la soupçonne de s’être trouvée dans la même situation que moi, c'est-à-dire l’incompréhension, ou le doute, et donc d’avoir agi par déduction. De là, je me suis amusé à des comparaisons qui ne me convainquent pas beaucoup ; à commencer par la toute première phrase qui sent la traduction littérale : « Leggo solo », « je lis seulement », français un peu boiteux, alors que « je ne lis que » est à la fois « plus français » et plus littéraire. « Leggo solo libri usati. » Je préfère mon « je ne lis que des livres usagés » à « je lis seulement des livres d’occasion », même si « usati » peut, bien sûr, se rapporter à des livres d’occasion et est même le terme consacré. Mais un livre d’occasion n’est pas forcément usagé, et il est manifeste ici qu’ils le sont, usagés, voire même abîmés...
3 janvier 2006