Le
Clin d’œil, t’Ogenblik, petit bar sur la place, clientèle
variée, en majorité flamande, musique douce, et la bière sur toutes les tables.
Éléonore est en train de lire Rok, je poursuis la lecture de Loach tandis
qu’autour de moi résonnent et roulent des accents de flamand, notamment
ceux du vieil homme à ma gauche qui abreuve son compagnon silencieux (et
sobre : il boit de l’eau gazeuse) de propos dont je ne saisis pas la
moindre syllabe. Parle-t-il de sa vie, de politique, de femmes ? Il est en
train, débite, animé, homme de labeur à en juger d’après son physique,
son visage, son attitude, que je mets en parallèle avec ceux (les propos) de
Loach au sujet de la conscience des classes laborieuses, celle qu’elles
devraient avoir d’elles-mêmes… Up
the Junction (je ne connais rien de ce film). L’anglais que je lis prend une
drôle de couleur sous les coups de cette langue dure et roulante qui semble
vouloir l’agresser (et qui, par moments, sonnent comme du celte, ou du
breton, comment l’appeler, et je pense au récit de BRAN, de
Schwarz, dans une langue bretonne magnifique dont je n’ai jamais compris
le moindre mot, mais que j’ai écouté de multiples fois avec le même
ravissement).
17 février 2002