Finalement, je me suis levé avec toutes les peines du monde, suis descendu, ai avalé je ne sais quoi je ne sais comment avant de réussir à rentrer dans quelques vêtements. Il faisait beau, soleil. Premier mai qui ressemblait comme un frère à celui d’il y a onze ans, retour d’Erzielen avec Olivette et ses parents. J’aurais pu rester au lit, mais en même temps voulais me forcer un peu. Et peut-être que prendre l’air me ferait du bien. (J’écris cela en pensant au personnage de Madame que je lis toujours avec le même enthousiasme et chez qui je retrouve des maladresses – volontaires peut-être, le narrateur a dix-sept ans – semblables aux miennes il y a onze ans justement, premiers mois du journal voué à Olivette et où j’écrivais au fil sans réfléchir et en m’en tenant aux émotions, au brut, au spontané. C’est ce que je retrouve dans ce texte, parallèle donc qui par moment, et ça m’agace, me tire vers l’identification, d’autant qu’il s’agit d’amour, d’un amour pour l’heure inaccessible (lui est jeune, elle est une femme) et toutes les stratégies d’approche, les interrogations qui y sont liées, sont étrangement semblables, en tout cas du point de vue de la formulation, aux miennes à cette époque. Je me suis même demandé à un moment donné, s’il n’y avait pas là quelque chose de polonais – reste à savoir si cette forme, que, par moments, je classe comme étant de la mauvaise écriture, est volontaire ou non de la part de l’auteur dont je ne sais rien.)