Je me suis levé tard, ai pris mon petit déjeuner, me suis installé dans la cuisine et ai entamé Les hommes qui n’aimaient pas les femmes qui, à quelques exceptions près, ne m’a pas quitté des mains depuis. Il me semble bien que cela ne m’ait jamais arrivé : passer une journée complète sur un livre, fait d’autant plus étonnant que ce n’est pas à proprement parler un livre intéressant. Ou, pour le moins, comme je viens de le préciser à Innocent, qui, au bout du compte, n’a pas grand intérêt, et qui plus est, est très mal écrit. C’est du reste la première chose que j’en retiendrai : c’est mal écrit, cette mauvaise écriture qui, au bout de quelques pages, a failli me faire renoncer, voire même aller le lendemain chez Ulysse pour me le faire remplacer. Pourtant, il a six cents pages, j’en ai lu cinq cents et je pense achever les cent dernières avant d’éteindre. Mais pour la petite histoire et pour en venir au point de départ, il s’agit de l’un des trois livres que j’avais commandés chez Ulysse aussitôt après notre rencontre avec Saturnin, cette rencontre qui m’avait enfin décidé à y retourner, tel un lecteur prodigue. Et parmi eux, comme c’est étrange, un livre que, pour je ne sais quelle raison, j’avais relevé dans L'Immonde des Livres, ce supplément que pourtant je ne fais jamais que survoler.