« C’est à Nara que se trouve le temple du grand Bouddha et le trésor de la maison impériale : le Shôsôin. […] En [752], l’empereur [Shômu], à l’occasion de l’inauguration du grand Bouddha d’à peu près huit mètres de haut dont il avait ouvert les yeux en traçant au pinceau la pupille, à cette occasion, l’empereur avait fait don au temple de tout le mobilier et tout l’arsenal de sa maison. L’ensemble comportait des lots d’armes, de sabres – qui sont des choses très précieuses, le biwa, qui est une sorte de mandoline, sur lequel jouait l’impératrice, les tapis d’Asie Centrale, des éventails de plume de paon, le pinceau et la pierre à encre de l’inauguration du Bouddha – enfin, mille objets. Ce trésor a été placé dans des boîtes en bois et enfermé dans un bâtiment en bois très ingénieusement conçu : il gonfle à l’humidité et devient étanche, il s’aère quand le temps est sec. Le mode de construction est celui de la maison russe : des troncs entrecroisés et ajustés très soigneusement. Le bâtiment, qui est une espèce d’isba sur pilotis d’une quarantaine de mètres de long, est fermé par une seule porte avec un verrou à deux clefs : l’une, détenue par l’empereur ; l’autre, par le personnage local responsable de la sécurité du bâtiment qui est isolé dans un parc, à bonne distance des autres bâtiments, pour éviter le risque d’incendie. Et depuis le IXe siècle, ce bâtiment contient ces choses précieuses. Il s’est parfois passé un siècle sans qu’on en ouvre les boîtes. […] C’est une chose unique au monde que la conservation du mobilier d’un empereur de cette époque. C’est comme si l’on avait gardé intact le palais de Charlemagne. »