C’est là qu’ils s’installent et s’entassent, là qu’ils vont mener une vie rude et difficile à essayer tant bien que mal et autant qu’ils le peuvent de grappiller de la terre et du terrain. Une terre sur laquelle ils se reproduisent alors qu’elle, est immuable, inerte, ne donnera rien de plus de ce qu’elle peut donner. Et de cette terre, ils ne bougent pas. Ils n’ont jamais bougé, sont restés là coupés du reste du monde, volontairement ou non. Il y a tout de même eu des échanges avec les voisins les plus proches, la Corée et la Chine, mais ponctuellement, juste le temps d’aller prélever ce dont ils avaient besoin (à commencer par la religion et le langage), eux qui n’ont pas la moindre imagination, pas le moindre esprit d’invention et ne feront toute leur vie durant et jusqu’à aujourd’hui (en 1945) que prélever et copier, prendre à leur compte pour adapter. Ils copient et collectionnent ; il revient souvent sur le caractère collectionneur des Japonais qui entassent, engrangent et conservent avec une minutie et un soin extrême, collectionnent et se fortifient en laissant grandir en eux cette idée qu’ils sont les plus grands, que le Japon est Un et le plus grand. L’unité, au fait. Jusqu’à Hiro-Hito, il n’y a eu qu’une seule lignée d’empereurs et un seul système féodal. D’un bout à l’autre de l’archipel, tout de même vaste, varié et divers, il n’y a aucune différence dans leur comportement, dans leur façon de s’habiller, de penser. Il n’y a pas de dialectes, de patois, de notion de province. Ils sont un tout et ont toujours vécu avec cette idée du tout et de l’unité (l’insularité à son extrême – c’est moi qui l’ajoute). À quelques reprises, ils sont bien allés sur la côte, mais dans l’ensemble n’ont jamais bougé de chez eux et jamais personne jusqu’en 1853 n’est entré chez eux.