Le sous-titre, en matière
cinématographique, est une approximation,
un déchiffrage sommaire qui permet la juste compréhension, ou
plus exactement un suivi cohérent. C'est particulièrement
sensible dans le cas de l'image japonaise. Le japonais, c'est une
structure de pensée et de langue radicalement différente de la
nôtre, qui ne peut que nous échapper. Dans le cas de l'image,
du cinéma en particulier, c'est une approximation sommaire,
rudimentaire. On le sait, on l'accepte et on s'en contente,
puisque, comme pour contrebalancer, il y a l'image en soi et ce
qu'elle porte de formes, de couleurs, d'expressions, de
mouvements ; s'y ajoute le son, le son de la langue avec sa
phonétique rude, chaotique, avec ses excès, ses outrances
d'accents. C'est suffisant pour se faire une idée, une vague
idée d'un monde résolument étranger.
Mais que se passe-t-il quand il s'agit de texte, d'écrit ?
Je lis un texte traduit du japonais, en français. En le lisant, je
m'efforce de m'extraire de ma langue et d'y coller des images et
des sons, que j'ai vues, et entendus. Mais ces images et ces sons
ne peuvent rien, car ce que je lis, c'est du français; c'est-à-dire, non des mots qui seraient des correspondances, des
équivalences, mais bien une structure, une syntaxe qui
appartiennent totalement au français. Dès lors, ce n'est pas
une traduction, mais une réécriture ; une version, à l'image
des premiers films du parlant qui, pour l'exportation, étaient
non pas doublés ou sous-titrés, mais refaits entièrement avec
d'autres décors, d'autres acteurs, un autre réalisateur. Il
s'agissait bien d'une version. Et ce que je lis, c'est une
version d'un texte japonais en français. C'est-à-dire une vue
française.