J’ai acheté quatre ou cinq livres en Angleterre, elle une bonne vingtaine. Nous avons comparé nos piles. Elle a gagné, ça l’a tout excitée, de la même manière que l’excite l’idée de rentrer à la maison, de sortir son répertoire, d’y rapporter tous ses achats, puis un à un, de ranger ses nouveaux livres dans sa bibliothèque, puis, ceci fait, de les toucher, d’en vérifier l’alignement, de les contempler. Hier, je l’ai regardé faire. J’aime beaucoup la voir accomplir cette sorte de rite que j’accomplis de la même manière – à cette différence près que je ne répertorie pas le contenu de ma bibliothèque, j’ai au moins cette mémoire-là (faillible, malgré tout, à plusieurs reprises). Mais en la regardant faire et comprenant son plaisir, je me suis demandé à quoi pouvait bien correspondre cette accumulation, et, dans son cas, à quoi elle pouvait servir dans la mesure où elle lit peu et de moins en moins ? Je peux me retourner la question, question parfaitement idiote, puisque je suis dans le même cas, puisque je suis aussi confronté à l’impossibilité de lire autant que j’achète...