La différence entre la musique moderne et la musique classique, c’est que la première est enregistrable (et c’est à partir de là qu’on peut la définir). C’est dire que l’auteur peut être son interprète et que l’œuvre une fois enregistrée (par l’auteur, donc) devient unique. Elle n’est plus reproductible, étant entendu que l’enregistrement est la matrice. De ce fait, la musique classique ne vaut que par sa partition : la partition est la musique (aussi la musique classique ne devrait pas être entendue, mais lue). Dès lors, l’interprète n’a pas la moindre importance et tous les interprètes sont bons (inspirées par Carnets, Laporte, p. 88 : « Sebök, c’est Mozart » quand il le joue. Non : Sebök est Sebök qui joue du Mozart et Mozart, c’est sa partition…)

Carnets, Laporte, c’est : j’écris, et je m’interroge, et je réfléchis... Laporte, avec Mallarmé, recherche l’œuvre. J’ai dit, en parlant du bulletin, que je voulais qu’il soit un livre. Peut-être voulais-je dire le livre. Ne serait-ce que pour cette raison, je ne devrais pas arrêter le bulletin, quitte à ce qu’il vire à la répétition, à la rengaine (rengaine dont l’étourdissement excessif, donc final, ultime, pourrait mettre un terme à la recherche et me faire dire : LE livre n’existe pas ; ou, plus justement, MON livre n’existe pas, est impossible…).

24 septembre 1997