Nouvelle : nous avons un pensionnaire pour une période indéterminée : Keith. Il est arrivé hier soir, nous sommes allés le chercher à la gare. Il a la main cassée suite à une violente bagarre avec son colocataire rendu fou furieux par l’alcool. Keith a appelé la police, tous deux ont été emmenés à l’hôpital ; il était terrifié à l’idée de revenir chez lui, a appelé Éléonore, a sauté dans le premier train… « Qu’est-ce que je peux faire à la campagne, je ne peux pas porter le bois pour me chauffer, pas faire la vaisselle ? » Son colocataire est là-bas, seul, dans sa maison, sans le sou, Keith ne sait pas comment l’en déloger. Il n’a pas encore pris contact avec lui. Où irait-il ? Et s’il ne part pas, Keith refuse d’y retourner. Bref, un beau merdier, et nous sommes au milieu de tout ça… J’ai passé presque toute la journée à l’inventaire de ma boutique. Depuis que je suis rentré de la poste, les lombes me font souffrir. Inflammation. J’ai pris des cachets. J’ai aussi beaucoup fumé, et passé du temps perdu sur une page de traduction, une offre d’emploi pour un consultant d’affaires entre entreprises. J’en ai fait des tonnes de cette sorte, mais cette fois-ci, c’était insupportable. J’avais dit à Éléonore que je ne voulais pas la faire, elle m’a proposé que nous la fassions ensemble : elle traduit en lisant, littéralement, tandis que je tape. J’étais d’accord, mais je me suis ensuite aperçu que ça n’arrangeait rien et le fait que ça ne soit pas ma méthode habituelle de travail n’a fait qu’embrouiller les choses. Quelle saleté. Comment peut-on passer tant de temps à pondre des textes pareils, et elle, je ne le dirai jamais assez, à passer son temps à les traduire en anglais ?... Achille est venu travailler quelques heures. Je n’ai vu Keith qu’au moment du repas. Tout cela fait que j’ai un peu négligé Les Bienveillantes dont j’ai pourtant beaucoup de mal à me détacher…

 

29 novembre 2016