Dans la voiture nous parlions de voyage et, à un moment donné, elle m’a demandé ce qu’était l’endroit où je l’emmenais. Je n’ai pas répondu, ai attendu. À dire vrai, je ne savais comment répondre. Et c’est alors qu’ils sont apparus, précisément, à ce moment-là, et je les lui ai montrés et ai simplement dit : « C’est là. Ce sont eux. Les voilà. Regarde. » Et au faîte de l’un d’eux, j’ai aperçu la forme cylindrique des ouvriers, déjà à leur poste, et j’ai été étonné de les voir si petits, presque minuscules, alors que je les avais vus de si près, gros et imposants, que j’avais pu les toucher, les effleurer. Et à leur côté, vestiges de ce qui avait dû être le terme de la voie ferrée, des formes de guingois, comme des poutrelles ou des rails fichés dans la terre...
Parmi de douces vagues de protestations contre le froid et le vent, il y a les exclamations, les interrogations : on ne voit rien, qu’est-ce qui se passe ? qu’est-ce qu’il y a à voir ? est-ce que ça a commencé ? Je fais partie d’un groupe d’une dizaine de personnes, installées à quelques mètres du sommet proprement dit. Il y a là comme une niche où nous sommes un peu protégés du vent et du froid. Elle s’est écartée de moi. En levant le regard sur la droite, je la distingue en compagnie de C*** et F***, contre elles, frigorifiées, toutes trois serrées, on dirait les trois Grâces de Raphaël ôtées de leur cimaise pour être appliquées à cet autre décor. F*** est à côté de moi. Un homme a une longue-vue. A*** passe en prenant des photos. Derrière moi, D***, puis M*** et D*** qui ont des jumelles plus puissantes que les miennes et qu’à un moment donné je leur envie...