Mais il y a aussi la pensée du sommet, du but à atteindre, avec le vent qui au fil de l’ascension ne fait qu’augmenter, régulièrement, et, parfois, comme pour ajouter un peu de piquant, tape par brèves et brusques bourrasques à couper le souffle. À chaque pause de la partie de la colonne qui me succédait, j’en profitais pour jeter un coup d’œil au paysage, puis un coup de jumelles sur le faîte du second terril. Mais ça a toujours été très bref : je les avais à peine au nez qu’il me fallait les retirer sous la pression de la colonne derrière qui avançait, ahanait et n’aurait pu tolérer la moindre fantaisie même de la part du chroniqueur du jour, du rapporteur (reporter) qui devait tout noter, tout retenir, tout inscrire dans sa mémoire pour, dès le retour, tout retranscrire – et comment ai-je pu penser qu’il m’aurait été possible de prendre des notes à ce moment-là ?...

Il fait froid, très froid, malgré le soleil qui désormais ne nous quitte plus. À l’arrivée sur le parking, il y a eu quelques gouttes de pluie comme un salut moqueur. Mais le soleil était déjà là. Puis, lorsque tout a été fini, lorsque la dame a disparu de son promontoire et que, les uns après les autres, les corps engourdis et ankylosés ont commencé à s’animer et à se préparer à prendre le chemin inverse, celui de la descalade, une bourrasque nous a flanqué au visage une ultime et très brève pluie à gouttes piquantes. Mais le soleil était toujours là...