Sur la table du grand salon, je regroupe toutes les choses à emporter : les jumelles, un appareil photo, l’invitation, le crayon gris en cas de besoin, un chandail, mes gants. C’est véritablement un voyage...
On monte, et tandis que l’on monte, on ne voit que la terre devant soi : corps en oblique qui n’a pour seule vision que les vestiges du charbon sur lequel il cherche un point d’appui ; corps qui voudrait parfois s’arrêter, mais qui ne le peut, s’arrêter pour souffler, ou pour regarder, jeter un œil sur l’objet de sa propre présence là, ou considérer l’immensité qu’à chaque pas il approche, ou évaluer la progression de sa propre évolution sur la pente : où en suis-je ? qu’ai-je encore à gravir ? Mais il ne le peut, car derrière lui on monte ; on peine, mais on monte ; car il faut monter et ne pas s’arrêter, et il ne peut se permettre le moindre arrêt, ne peut s’arroger le droit à la contemplation, car de la file il ne doit pas gêner la progression, et s’il veut s’arrêter, il lui faut choisir son endroit, sa place de pause, un endroit judicieux qui ne va pas ralentir la marche de la procession...