À quelques mètres au-dessus, sur la pente où se dessinent des marches sommaires, creusées à même la terre, comme des étriers, je distingue D*** avec sa caméra. Il se poste au haut de cette limite où des marches véritables succèdent aux précédentes. Il s’accroupit, cadre. C’est là que commence la véritable ascension : une personne, puis une autre, précautionneusement, l’une derrière l’autre, et une autre encore, qui gravissent la pente. Rouge, jaune, puis de nouveau rouge, puis vert, et une file se constitue qui se dirige vers l’objectif de D***. Je regarde cette ligne, file indienne de taches colorées qui tout étant mobile puisqu’elle évolue, s’étire, tire à elle chacune des personnes du groupe pour faire de la grappe une simple tige, un seul rameau, semble ne pas bouger, comme si en dehors des mouvements des corps qui hésitent, se balancent, titubent un peu, elle n’était animée que par le mouvement même de la terre qui les tracterait...

Où ai-je dit que l’un de mes souhaits d’enfant, cet enfant qui a passé les vingt premières années de sa vie les pieds dans la houille, puis, plus tard, une fois adulte, six années dans une maison d’où il pouvait contempler un vieux terril vert, était de monter un jour sur un terril, justement ?...