Ce serait ingénieux, rapide, pratique, et cela ferait un joli spectacle. Cela a fait un beau spectacle. J’y ai assisté, enfant, très loin du pied, spectacle de l’ascension de ses récipients roulants, autonomes, si petits de loin et pourtant pressentis comme gigantesques, spectacle de leur ascension, de leur déchargement automatique – dont le processus m’échappait et qui me laissait pantois, pensif et admiratif – qui provoquait une longue et large coulée noire dont l’image me parvenait sans le moindre son, même avec les jumelles qui ne transmettaient pas les vibrations de l’air, et, contre toute attente, malgré cette fausse proximité, ce rapprochement illusoire qu’elles permettaient, rendaient plus énigmatique le principe de déversement et plus irréel cette coulée noire qui prenait l’apparence d’un fluide, voire d’un liquide, plutôt que d’être cette masse en caillasse de déchets de houille en provenance du fond de la terre...

Entre le parking et les terrils, s’étend une vaste étendue d’herbes, de végétations sauvages et, au bord du parking, un bâtiment bas à un seul étage, parallélépipédique, dont toutes les vitres sont brisées. À quoi servait-il ? La supérette a dû être construite sur le lieu-même de la fosse ; ce bâtiment a dû en faire partie. À quoi servait-il ? Et pourquoi l’avoir conservé, lui, dans cet état, alors qu’il n’est qu’une construction neutre, banale, alors que les chevalets que l’on a systématiquement abattus, étaient des pièces d’architecture ; avaient un sens, une fonction, une histoire, une vie. Une beauté...

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