Elle me demande si c’est là que nous nous arrêtons. Oui, c’est là. Je la regarde, puis la dévisage en attendant sa réaction à la vue de ce double profil devant nous, but de son voyage. Elle ne dit rien, puis me regarde, finit par me sourire. Alors, je peux descendre. C’est lorsque je me retrouve dehors que je me rends compte à quel point il fait froid...
Pour faire un terril, il faut creuser un trou vertical jusqu’au fond de la terre. Là-bas, on creuse des trous horizontaux, à hauteur d’homme, et on remonte tout ce qui gêne à la surface. Là-haut, on fait le tri, car on n’a pas besoin de tout. On fait le tri et de tout ce dont l’on n’a pas besoin, on fait un tas. On choisit un endroit près du premier trou, c’est plus aisé, et on fait un tas, qui devient monticule, puis butte, puis mont, une amorce de colline, et on s’aperçoit alors, la hauteur augmente, qu’il va falloir trouver un autre moyen d’accéder à ce qui peut prendre désormais – l’altitude y est liée – le nom de sommet. Alors, on imagine une voie ferrée ascendante et comme on ne peut raisonnablement plus faire pousser les berlines – qui deviennent alors des excroissances du sol, sorties elles aussi de la terre –, on imagine un moyen de les tirer, de les tracter et, comme il n’est plus possible d’y faire monter des hommes, car c’est devenu trop haut, trop important, trop laborieux, on imagine une mécanique qui fasse que tout se ferait tout seul, que les berlines seraient tractées et, qu’une fois parvenues au sommet, elles basculeraient d’elles-mêmes et se déchargeraient, et une fois vidées, d’elles-mêmes redescendraient la pente pour aller à la quête d’une nouvelle charge, tandis qu’une autre, comme une sœur, gravirait pleine la pente en croisant l’autre qui descend délestée...