Drôle de journée que celle-ci où, la pensée prise, je ne fais rien d’autre que de fumer et de me laisser aller. À la pensée, justement. La pensée toute entière offerte à Mercedes*. Que vaut-elle, comment est-elle exactement, combien va-t-elle me coûter, en essence, en frais divers ? Alors, je calcule, fais des comptes. Dans un mois devraient finir mes ennuis financiers et je crains déjà que l’argent que je pourrai enfin « économiser » ou du moins dont je pourrai enfin disposer ne passe dans cette voiture de collection qui est davantage un plaisir qu’une nécessité et m’avalera le peu d’argent qui me restera. Alors, je fais des comptes, et comme toujours, j’ai peur. Comment vont se présenter les mois, voire les années à venir ? Pourrai-je enfin souffler et ne plus me tracasser ? Alors, je fais des comptes. Et je pense au 14 juin qui me coûtera aussi de l’argent. Combien ? Alors, je refais des comptes, puis une liste des invités, sans compter ceux qu’imprudemment Jacques appelle de son côté : des sans-papiers et des amis à lui. J’en suis à quatre-vingt-sept... À cela s’ajoute la perte de l’appartement... Hier, il y a eu répétition, puis j’ai attendu Éléonore puisque nous devions y passer la soirée et la nuit. En l’attendant, j’ai regardé La vie de Bohème de Kaurosmaki...
* nous venions d’acheter une Mercedes dans des puces, une splendide 280 SE de 1973, elle allait nous accompagner pendant plus de dix ans (note du 17 septembre 2021)