Je n’y habite plus, ne fais qu’y passer et, à chacun de mes passages, alors qu’il se vide petit à petit et que sa crasse se révèle à mesure, je me suis dit que je ne perdais pas grand-chose, sinon peut-être le privilège de sa situation dans le centre de Lille et dans ce quartier précisément. Lorsque j’y suis passé samedi, j’ai ressenti la même chose : un vague désintérêt, une légère indifférence. Puis ils sont arrivés et se sont mis à y toucher : les meubles, les cadres, et aussi les murs, ces murs sales et pourris qu’ils s’apprêtaient à rafraîchir, à rénover. C’est à ce moment-là que le lien s’est resserré. Ils étaient chez moi, ils entraient impunément chez moi et touchaient sans m’en demander la permission à ce qui m’appartenait : les meubles, les cadres et aussi les murs. J’avais dit à Valérie : « tu peux y aller quand tu veux faire des travaux », et je me suis aperçu à ce moment-là que je n’en avais pas la moindre envie et que je ne pourrais et ne peux supporter qu’ils touchent à ce qui m’appartenait, en tout cas pas avant que je n’y sois plus, définitivement, moralement et physiquement. Ils sont entrés et ont fait exactement comme s’ils étaient chez eux : je l’ai immédiatement ressenti : je n’étais plus chez moi, j’étais un intrus...