Ce qui me semble important, c’est la notion d’enregistrement, c’est-à-dire le fait que quiconque puisse, à partir d’un appareil, fixer instantanément un son, qu’il soit d’origine instrumentale ou non. La majorité de mes compositions existent sous la forme d’une bande magnétique. Elles y sont fixées, n’y existent qu’à un seul exemplaire et sous une forme unique : celle que j’ai voulu leur donner. Elles mêlent (ou non) toutes sources sonores, instrumentales ou non. Elles ne sont pas écrites et ne peuvent être transcrites sur papier, ou approximativement. De toute manière, il ne viendrait à l’idée de personne de les transcrire sur papier. Pour quoi faire ? Elles n’ont pas à être interprétées, ne sont pas faites pour ça. Elles sont conçues pour n’exister que sous cette forme, ne sont reproductibles que par enregistrement, c’est-à-dire qu’il ne peut y avoir d’elles que des copies conformes (le disque, par exemple). Pour ce qui est des compositions écrites, c’est-à-dire destinées à être interprétées (et interpréter, c’est d’une certaine manière, donner son avis, son opinion ; imprimer sa marque personnelle), je ne donne que le strict minimum d’informations, voire aucune, et les indications que je laisse (consens à laisser, et qui sont, à l’image de Satie, du domaine du jeu, de l’ironie) sont suffisamment floues pour que l’on n’y entende que ce que l’on veut entendre. Je laisse libre choix à l’interprète...