Il s’appelle Jean-Claude Descamps, est trompettiste. Je l’ai rencontré aux Arches où il donne des cours. J’avais dix minutes pour tout exposer, du moins la plus grosse partie. C’était peu. Il m’a écouté sans beaucoup intervenir, puis a accepté l’interprétation des trois pièces solo que je lui proposais. « Dommage qu’il n’y ait pas d’argent à la clé », a-t-il conclu, sans que je ne sache si le jeu de mots était voulu ou non. Mais il a accepté et, d’une certaine manière, c’est une victoire, car René m’avait prévenu qu’il ne jouait pas pour rien. Il m’a aussi vanté ses qualités d’instrumentiste qui font de lui une sorte de sommité locale dans le domaine.

Dix minutes. En le quittant, je me suis demandé ce qui pouvait bien motiver un homme comme lui, ce qui pouvait le pousser à accepter. Nous ne nous sommes jamais vus, je ne le connais pas, il ne me connaît pas. En dix minutes, je lui expose un projet délicat* dont, au bout du compte, il n’a pas dû bien saisir le sens, la direction. Nous nous reverrons pour l’enregistrement, puis ce sera tout. Qu’est-ce qui peut bien l’inciter à collaborer à un projet dont finalement il ne retirera rien ?...

 

 

* et farfelu (note du 30 août 2021)