J’ai appelé Valérie quatre fois, sans résultat. À la quatrième, j’ai levé les yeux sur la pendule et me suis exclamé : « Mais où peut-elle donc traîner à cette heure ? » Il y avait de l’agacement dans ma voix… Hier, Mia, Anne, Richard et Olivier sont passés à la maison. Comme à son habitude, Richard a été horripilant ; mais à présent, ça m’est égal puisque, désormais, je sais comment le manier. Ils se sont étonnés que Valérie ne soit pas venue et nous avons tous été d’accord pour dire qu’elle en faisait trop. Mais, au fait, pourquoi en fait-elle trop ? Pourquoi tant courir, tant faire à tort et à travers, tant accepter, tant jouer, commandes, projets, contrats, sans répit, sans relâche, et l’argent n’est pas le seul motif. Je me suis posé la question à plusieurs reprises et me la pose encore. J’ai pensé que c’était pour oublier ; mais oublier quoi ? (Il y a sa séparation – dont, d’ailleurs, je ne sais toujours rien : est-elle partie, l’a-t-il quitté, en souffre-t-elle ? –, mais ça n’explique peut-être pas tout...) Nous en avons un peu parlé, l’autre soir, au téléphone. Je lui avais dit que c’était « dangereux » (c’était un peu excessif et je m’en suis voulu après coup). Elle avait approuvé. J’aurais dû lui poser davantage de questions, mais ça supposait une certaine intimité, qui n’est pas acquise même si, à de nombreuses reprises, j’ai senti que nous étions très proches l’un de l’autre. Il n’empêche, ça me fait peur…