Je suis en maladie depuis trois jours. J’ai devant moi des journées infinies, à ne plus savoir qu’en faire. Quelle joie ! Tout le temps, tout mon temps ! J’ai comparé ma disponibilité, mon indolence, ma tranquillité à la précipitation de sa vie : moi seul dans la maison, contrôlant parfaitement mon temps et son emploi ; elle, d’un train à une voiture, d’une répétition à un cours, à « traîner » son instrument d’une ville à une autre. Cette image de nos existences opposées et quasiment divergentes m’a donné le vertige...
(Traîner, entre guillemets ; c’est une allusion à l’une de ses questions, l’autre jour, au téléphone, à propos de ma vie nocturne et de mon peu de sommeil : « Mais qu’est-ce que tu fais à traîner comme ça jusqu’à trois heures du matin ? » Cette question m’avait surprise dans sa bouche et davantage, ce mot, « traîner ».)
(Je relis ce jour et m’aperçois que moi aussi j’avais dit « traîner » en parlant d’elle.)
(Elle n’a pas pensé à ma fête...)