Du reste, c’était l’idée première. Mais si cette idée reste intéressante, elle achoppe au niveau de la forme : que peut donner la succession de quatre-vingt-quinze pièces musicales, disparates, sans lien « visible » entre elles ? Le texte peut-il être ce lien ? Et quel pourrait être ce texte  ? Je pense souvent à ce qu’avait fait Luc Ferrari avec son Journal intime et j’essaie de le mettre en parallèle avec « le mien », et imagine cette forme minimale lui être adaptée, c’est-à-dire de la simple relation de texte posé sur de la musique (schématiquement, bien sûr). Ce qui marchait assez bien dans son cas (à mon sens, pas toujours avec bonheur) peut très bien ne pas fonctionner dans le mien. Et puis que dire, que faire, quel texte choisir, comment le présenter, pour donner une certaine cohésion à cet ensemble si hétérogène ? Mais, en considérant qu’il s’agit d’un journal, c’est-à-dire la juxtaposition de faits, d’éléments indépendants et autonomes, faut-il cette cohésion ? (L’image classique du « patchwork » ici s’impose : trouver le bon fil pour faire de quatre-vingt-quinze pièces différentes – plus de cent si je considère les pièces « magnétiques » qui se sont glissées dans la période des partitions – une seule et unique qui se tienne, chacune d’elles gardant son caractère d’unicité...)