Il ne comprend pas : pour lui, il est nécessaire d’entendre ; pas pour moi ; en tout cas : plus pour moi. C’est vrai que ce serait un atout non négligeable, surtout si je décide d’abandonner la chronologie – donc la fidélité au déroulement du journal – et l’intégralité au profit d’un montage, c’est-à-dire d’une recomposition, mais je peux m’en passer. Et faut-il vraiment attendre la fin des enregistrements pour commencer seulement à écrire pour la scène ? Au rythme où vont les choses, il va se passer des mois, une année, ou deux, avant que la totalité des pièces soit d’une part enregistrée, d’autre part montée ; c’est-à-dire avant que la constitution du journal dans sa forme chronologique soit achevée. Et puis il reste V., sa part dans le projet. Je ne sais toujours pas ce qu’il faut faire : l’ôter, la laisser ? N’importe qui me dirait qu’il faut utiliser son journal, qu’elle n’y est qu’une représentation (et moi-même l’ai dit), qu’il s’agit d’un travail, et donc d’une affaire extérieure à elle. Je ne le pense pas. Je ne peux faire autrement que de la considérer. Je ne pourrais « l’utiliser » sans avoir l’impression de la trahir, elle qui préfère le secret, la discrétion à la divulgation*...
* j’avais souri, quelque temps plus tard, en découvrant son propre site : des centaines de photos d’elle, de sa famille, parents, grands-parents (mais surtout d’elle) et autre détails, c’était le grand déballage ; je n’ai pas eu l’occasion de le lui dire (note du 12 septembre 2021)