17 avril
Anicet (pièce pour cor anglais)
Gros trou. Ça ne signifie pas que le Journal Musical se soit interrompu ; encore que je me demande aujourd’hui si je ne vais pas l’arrêter là. Moins de conviction, une certaine lassitude, et puis la santé, les douleurs lombaires qui s’intensifient sans que ne me soit proposé un quelconque remède. Ça me gâche un peu le travail, le moral, d’autant que j’ai remarqué – chose tout à fait énigmatique – que la position assise – qui n’est jamais qu’une position assise normale, d’où l’énigme – avec la guitare provoque la douleur. Comprenne qui peut... Mais ce n’est pas véritablement cela qui me pousse à arrêter. Je sens aussi – rien de plus naturel – un certain appauvrissement des pièces. Alors, il faut peut-être arrêter... D’un autre côté, l’arrêt signifie l’échec, l’abandon, la démission. À suivre...
7 mai
Gisèle (pièce pour piano d’après chute)
Le Journal musical bat de l’aile. Les enregistrements, ou plus précisément, les pièces enregistrées, qui ont été le fondement de ce journal, se sont arrêtées, faute de conviction de la part de leur auteur. J’avais pensé passer à une phase « partition », c’est-à-dire, comme je pensais le faire dès le départ, de l’écriture pure, et c’est bien ce que j’ai fait pendant quelques jours, pièces pour instrument seul (c’est l’occasion d’une sorte d’expérimentation de tous les instruments de l’orchestre, voire de tous les instruments : j’ai un capital de plus de deux cents jours devant moi !), écrites directement, c’est-à-dire, pour le plus gros, aléatoirement. Mais je me suis fait dépasser par le temps ; et puis, tout cela manque singulièrement de conviction ; au vu du retard pris – plus d’une semaine –, je me demande si cela a encore un sens. Non, cela n’a plus de sens. D’un autre côté, je répugne à laisser tomber cette entreprise qui, en définitive et malgré les erreurs, les maladresses, et la médiocrité de nombre de pièces (inévitable) me semble tout de même intéressante, et positive. À suivre...
9 mai
Jeanne d’Arc (pièce pour cor et alto)
Sous-titre possible pour le Journal musical : PAS UNE NUIT SANS UNE NOTE. Risquerai-je : NOT(T)E ? ou est-ce suffisamment clair ?...
J’ai retrouvé un certain goût, une certaine conviction pour la poursuite des partitions. Le retard est toujours aussi important, mais j’ai choisi de m’en ficher ; il suffirait, par exemple, de continuer le journal au jour le jour, en attendant une meilleure période, davantage d’ « inspiration » (!), pour combler le retard...
16 mai
Honoré (pièce pour piano d’après chute)
Journal musical : je pensais qu’il était reparti. En vérité, il sombre de nouveau. Le retard s’allonge, prend de nouveau des proportions inquiétantes : quatorze pièces, pas moins, sont à écrire, ou à réécrire (pour celles que j’irai repêcher dans mes multiples chutes de piano). Je ne sais pas bien à quoi c’est dû. Manque de courage, peut-être, le soir ; ou lassitude générale ; encore que ça n’aille pas trop mal (moralement, du moins, car physiquement, ce n’est guère au meilleur – drôle de formule – ; je ne suis pas sûr que la piscine fasse quoi que ce soit à mes problèmes lombaires ; là, précisément, tout de suite, au moment où j’écris, j’ai mal ; peut-être faut-il attendre...). À suivre...
26 mai
Bérenger (pour deux hautbois)
J’ai entamé hier la série des partitions « d’après Untel », c’est-à-dire la lecture à l’envers – partitions retournées – d’un fragment quelconque d’une œuvre célèbre ou non…
31 mai
Lundi de Pentecôte (pièce pour deux violons)
Ce matin, j’ai tâché de réduire le retard, qui prend des proportions alarmantes. Après avoir réalisé une dizaine de pièces (à partir de chutes diverses), je me suis rendu compte qu’il m’en restait encore une quinzaine à écrire ! Ça m’a complètement démoralisé...
10 juin
Landry (pièce pour flûte)
Vaille que vaille, il avance. Beaucoup de retard encore, mais je ne désespère pas. Au contraire. En tout cas, pas question pour l’instant d’abandonner...
22 juin
Alban (pièce pour hautbois)
Journal musical. Rien à en dire, si ce n’est que ça avance bon train et que le retard, petit à petit, se résorbe. Mais vais-je parvenir à écrire encore près de deux cents partitions (j’ai dit la même chose à propos du Roman de l’année ; mais dans ce cas, il y avait un lien, donc quelque chose à quoi se raccrocher, et à se rattraper en cas de sensation de chute) ?...
26 juin
Anthelme (pièce pour piano)
Joie ! Dans quelques minutes, j’aurais écrit la partition qui portera le titre de Diane. À ce moment-là, mon retard sera entièrement comblé ! Joie !... (deux fois !...)