J’ai regardé la seconde partie (non : la suite) de Sugata Sanshiro. La copie est très mauvaise, il y a des coupures. C’est un peu bricolé, mais c’est intéressant, ne serait-ce que d’un point de vue historique : 1887, première scène, un tireur de pousse-pousse est molesté par un marin états-unien (d’où sortait-il ? le Japon n’était pas occupé, et ce marin se comportait en conquérant), Sanshiro lui rend la monnaie de sa pièce puis « venge » un judoka battu par un boxeur états-unien ; cette scène est assez lourde de signification lorsqu’on sait que le film a été tourné en 1945 – avant la reddition, je suppose, je n’ai pas vérifié. Et puis, il y a le comportement de tous les adeptes des arts martiaux, poussé à l’extrême, comme toujours, c’en est presque caricatural, notamment le duel final (qui est un peu calqué sur le précédent, et il s’agit de la même famille, les Higaki). « Ils sont fous, les Japonais ! » ai-je pensé à un moment donné. Il doit y avoir quelque chose de la démence dans les éructations, les grimaces, la détermination proche de l’entêtement (c’est plus fort que ça) – encore qu’il y ait une certaine souplesse de la part du maître et du moine qui lui pardonne son manquement aux règles… (Comment peuvent-ils courir – et lui, en particulier – avec des geta ?) (Est-ce bien le nom, geta ? oui : 下駄 de « ge », bas, et « da », charge, bête de somme ; je ne vois pas bien le rapport…)
4 juin 2013