
84, Charing Cross Road est l’adresse d’un
bouquiniste à Londres (Charing Cross Road est la rue des bouquinistes). Une États-unienne,
qui vivait d’écriture de scripts pour la télévision, leur a commandé un
premier livre. Ce sera le début d’une correspondance qui durera de 1949 à
1969. C’est toute cette correspondance qui est publiée, authentique et
fidèlement reproduite (je note à l’instant sur la couverture la mention
« roman » ; en quoi est-ce un roman ?). C’est
cocasse, touchant, plaisant, malgré la traduction qui est souvent déplorable
(la traductrice a dû travailler pour Rock & Folk ou les Inrockuptibles), et
c’est un assez beau livre sur les livres. En même temps, je
m’étonne qu’il ait été un best-seller à son époque, étonné
qu’il ait fait l’objet d’une pièce de théâtre, puis
d’un film. Non qu’une correspondance ne puisse être la matière de
l’une ou de l’autre, mais en l’occurrence, elle me semble
manquer d’épaisseur, de profondeur ; elle tient un peu trop de
l’anecdote pour aspirer à une dimension littéraire, et de là à une
dimension visuelle (à moins qu’elle n’ait été adaptée). La
fidélité sert la vérité, la spontanéité, mais, vieille antienne, pas
l’authenticité…