Baroque, p. 223, la Bienheureuse Ludovica du Bernin. Cette figure saisissante et ambiguë d’expression de béatitude et d’orgasme tout à la fois (au bout du compte, c’est la même chose : la béatitude est bien un orgasme à perpétuité), qui trouble, séduit, est-elle vraiment différente des poses feintes, des attitudes de simulation du plaisir des poupées dans les pages des magazines qui font ricaner et sont dénigrées ? Entre Paula yeux clos, tête renversée et bouche ouverte en maillot sur une plage humide et Ludovica pieuse et sanctifiée dans les plis et replis du marbre, qu’est-ce qui diffère ? La seconde étant un masque à la chair, la première ne pourrait-elle pas être un loup à la communion divine ? Sous les drapés, le sexe tourmenté ; sous la peau exhibée, l’immaculé d’un appel aux cieux ? La seconde traversée par un membre luisant, la première par un éclair de lumière ? La seconde force le respect, la première inspire le dégoût… (L’aspect un peu magistral du texte de Green qui fonctionne comme un cours ; c’est regrettable. Le sujet aurait demandé un peu plus de souffle, d’éclat, de fantaisie. De baroque, en somme.) (Imaginer la Ludovica dépouillée de ses vêtements et présentée nue, ou légèrement vêtue. Et imaginer la mise qui lui conviendrait – maillot de bain, robe, nuisette, chemise…)

 

16 janvier 2002