« […] toute pensée humaine se fait dans la
langue, en tenant compte des virtualités et des catégories qu’elle
propose, et pour faire ce choix, il faudrait donc que l’esprit du
locuteur ait déjà rencontré ces possibilités dans sa langue d’origine. Le
XIXe siècle a donné une
réponse à ce problème qui reste vivace dans la culture scolaire : il y
avait deux sortes de langues, des langues écrites (dont le seul exemple connu
est le français – toujours cette remarquable “ exception ”)
et des langues orales (toutes les autres). Par conséquent, le Français, en
entendant un énoncé ambigu, est conscient des possibilités grammaticales
qu’il comporte parce qu’il a suivi l’orthographe de sa mère.
Mais […] j’ose exprimer l’avis que le seules langues dont la
vérité est non pas orale, mais écrite, ce sont celles qui, comme
l’étrusque, non seulement ne sont plus parlées, mais dont personne ne
sait lire l’écriture, et qui demeurent donc enfermées dans le silence des
tombes. Toute autre langue, même le grec ancien, même le tokharien, même le
français, est une langue orale. »
(À bien y regarder, est-ce vraiment clair ?)